Mes souvenirs de cette vie professionnelle à domicile .

 

 

Le premier souvenir est l'amour du travail bien fait , mieux : fait à la perfection.

Papa a travaillé toute sa vie sans compter ni son temps ni sa sueur . 

Pour lui, pas de jours de congés s'il fallait terminer un travail.

Et cela vaut autant pour Maman qui l'a soutenu  tout au long de sa vie.

Mes parents m'ont imprégnée de ces qualités et je les en remercie.

 

 Papa était un homme assez secret, plutôt taiseux, il vivait pour son travail, y pensait sans arrêt.

Les conversations dont je me souviens le plus, entre Maman et lui, portaient sur  le travail.

 

Lorsque nous étions en voiture, il se trouvait toujours sur notre route une maison dont son père ou lui avait fait la maquette ou bien alors c’était simplement :« regarde, fille,ça c’est un bâtiment ! Ça date du 16è , celui qui a construit ça , quel as !»

 

On peut essayer d'imaginer la complicité qui existait entre son père et lui en ce qui concernait le travail, leur travail.

Papa disait souvent :"Mon père m'a tout appris" Il a eu cette chance, d'avoir un père qui a pu lui transmettre son savoir et son art .

 

Parfois, lorsque Papa était surchargé et qu’elle pouvait lui être une petite main utile, Maman allait l'aider  « à l’atelier ». Hélas, Papa n’avait pas le don d’inculquer ses connaissances, et lorsque Maman faisait quelque chose à son idée, il n’était pas content. Alors, en colère,elle remontait à l’appartement en maugréant : « Jamais plus, jamais plus il ne me verra dans son atelier !» et quelques jours plus tard, elle y retournait !

Maman était soupe au lait pour ce que Papa était calme !

 

En parlant de son atelier, Papa disait : « Mon antre ».

Le matin, après sa première cigarette, son premier café et son petit déjeuner, il disait : « Je descends dans mon antre. »

Tout un programme, cet antre ! C’était plutôt une caverne d’Ali Baba à laquelle personne ne pouvait  toucher ! ! !

Que de trésors pour une petite écolière : des gommes, des crayons, du papier à décalquer et aussi, un vieux coffre plein de morceaux de plâtre durci : il y en avait de toutes les tailles, jamais très grands, je crois. Bref, c’était l’idéal pour aller tracer un bèbè (une marelle) sur le trottoir !

Je crois pouvoir compter sur les doigts d’une main les morceaux de plâtre reçus à cet usage :la réponse à ma demande était toujours du genre: « cela peut encore me servir ! » ou encore : « et tu vas dessiner sur le trottoir et cela aura l’air de quoi ? »

Dans ces cas là Maman se faisait très convaincante et j’obtenais satisfaction !

Un autre souvenir, c’était la phrase « Attention fille ! Ça casse ! Ne touche à rien ! ».

Et là, je dois dire que, même si cela me déplaisait, Papa avait raison de transir : un enfant dans son atelier, c’était l’éléphant dans le magasin de porcelaine ! 

 

Il est une  phrase "historique" que Papa a prononcée , et dont la famille se souvient .

C'était le 11 novembre 1942 , ma petite soeur venait de naître . 

Papa avait été averti par téléphone de l'heureux événement , il a simplement répondu :

"Je ne peux pas y aller , j'ai du plâtre" ! sous-entendu :" si j'y vais , ce plâtre sera "pris" et sera perdu."

 

L'atelier de Jette, rue St Norbert Au fond, sous le téléphone on voit la fameuse armoire grise contenant les décorations des maquettes !
L'atelier de Jette, rue St Norbert Au fond, sous le téléphone on voit la fameuse armoire grise contenant les décorations des maquettes !